Eolenmer Observatoire

Présentation

Suivre des éoliennes en mer

L’observatoire

Un projet d’observatoire sciences-milieux-sociétés de l’arrivée des éoliennes en mer 2022-2026

En 2022, les premières éoliennes viennent d’être implantées au large du littoral français. D’autres vont suivre. Le projet EOLENMER répond à la volonté de comprendre l’articulation que vont développer ces parcs avec le milieu marin et les territoires, aujourd’hui source de tension sur certains sites. Il vise à mettre en place un dispositif de recherche interdisciplinaire, de type observatoire, afin de suivre l’implantation et le développement des premiers parcs éoliens en mer, et d’analyser leurs ramifications bio socio spatiales.

Ce projet rassemble plus d’une cinquantaine de chercheurs, distribués géographiquement et relevant de différents organismes (CEA, CNRS, France Energies Marines, IFPEN, IFREMER, IRD, Universités). Il porte sur trois façades maritimes et permettra de suivre 6 sites : en Manche (Fécamp, Courseulles, Saint-Brieuc), en Atlantique (Groix-Belle-Ile, Saint-Nazaire), en Méditerranée (Leucate, et plus largement la planification stratégique de l’éolien flottant). Il est composé de trois modules :

  • un diagnostic territorial visant à faire un ‘point 0 sur les sites retenus en analysant les enjeux de l’éolien en mer et les jeux d’acteurs locaux ;
  • un suivi thématique visant à analyser et suivre, sur une base de préférence annuelle et selon les approches scientifiques en cours dans les différents domaines, les relations entre les parcs éoliens et les milieux marin, terrestre et au niveau local (e.g. emploi, tourisme, pêche, valeur foncière, paysage …)
  • un suivi ouvert, interdisciplinaire et participatif (e.g. boutique de science, art-science …), d’enjeux ou de dimensions des relations éolien-milieu, permettant d’ouvrir les cadres et méthodes d’analyse en place et de les mettre en partage avec des acteurs non- académiques des territoires ou filières concernées.
Une volée de mouettes survolant une plage de sable à Fécamp, par Benoît Deschasaux
©Benoît Deschasaux

Cet ensemble permettra d’identifier et de suivre les enjeux que soulèvent l’arrivée des éoliennes en mer (diagnostic) ; d’en mesurer les évolutions (suivi thématique) ; d’en ouvrir et d’en problématiser les modes d’évaluation et de mesure, lorsque ceux-ci sont sujets à controverse (suivi ouvert). Le travail fera l’objet de restitutions annuelles sous la forme de rapports scientifiques, de publications et de présentations à colloques scientifiques. Il expérimentera des formes d’écritures et de valorisations nouvelles, en collaboration avec des acteurs non-académiques, afin de rendre ses résultats accessibles au plus large public concerné.

Contexte et enjeux

Les années 2020 seront probablement la décennie où les parcs éoliens offshore auront été développés dans le monde entier en réponse à l’enjeu climatique et aux objectifs de développement durable. Aujourd’hui, leur capacité mondiale représente 29,1 GW, ce qui, fin 2019, représentait 5 % de la capacité éolienne mondiale totale. Depuis que la première éolienne offshore du monde a été installée au Danemark en 1991, l’Europe a pris la tête du développement de l’éolien offshore. En 2019, 5047 éoliennes offshore étaient installées le long des côtes européennes, ce qui correspond à 110 parcs éoliens produisant 22,1 GW. Les développements sont souvent situés sur des côtes densément peuplées et sources de questions sur les interactions homme-environnement, la planification spatiale et les impacts cumulés avec d’autres activités humaines, la pêche en particulier. Leur construction a des conséquences sur les écosystèmes marins et les habitants des zones côtières, qui constituent le socio-écosystème, réseau complexe de variables écologiques et socio-économiques en interaction. L’énergie est en effet un enjeu vital et stratégique pour les sociétés et nécessite le développement de recherches interdisciplinaires pour interpréter et orienter les choix et les réponses au défi climatique. Une meilleure compréhension du fonctionnement et de la trajectoire évolutive des systèmes socio- écologiques suite aux choix dans le secteur de l’énergie est indispensable à la gouvernance de ces systèmes comme des développements énergétiques.

Coquillage blanc et brun sur sable brun sur une plage de Saint-Nazare
©Naim Cheri

Ce projet répond à la demande exprimée dans les débats publics de suivre l’arrivée de l’éolien en mer en France, après des appels d’offres successifs échelonnés sur près de 10 ans. La mise en chantier des premiers parcs est une évolution historique qui concrétise une politique nationale et appelle à repenser la manière d’assembler les sciences, jusque-là organisées autour d’exercices de modélisation et de prospective des interactions entre les éoliennes et les milieux.

L’arrivée de l’éolien en mer bouscule cette donne et offre une occasion unique de suivre les changements qui vont accompagner l’installation de ces premiers parcs éoliens et d’étudier en temps réel l’évolution des relations entre ces parcs et les territoires et milieux qui les accueillent.

L’intégration de ce type d’infrastructures dans des milieux aussi complexes, fragiles et convoités que les écosystèmes littoraux et marins est un défi du point de vue technique, juridique, sociétal et environnemental pour les aménageurs. En effet, ces énergies marines renouvelables devront s’insérer dans des écosystèmes déjà soumis à de nombreuses et croissantes perturbations d’origine naturelle et anthropique. Ces dernières peuvent être à l’origine de changement dans le fonctionnement des écosystèmes, et impacter leur résilience les faisant parfois basculer d’un état vers un autre, ou bien les engageant dans des processus instables, turbulents. La compréhension du comportement de ces systèmes complexes est essentielle afin d’anticiper des changements d’états et de mettre en place des actions de conservation dans une optique de développement durable. Au-delà d’un enjeu strict de production d’énergie, l’arrivée de l’éolien en mer suscite un véritable tournant anthropologique qui interroge nos relations sociales, culturelles et politiques aux espaces marins, à ses paysages et aux vivants.

Si des enjeux récurrents tels que la valeur du foncier, les impacts sur l’emploi et les activités économiques, la perception par les populations proches pourront devenir objets de suivi et de mesures dans ce nouveau contexte, ce dernier offrira aussi l’occasion d’échanger avec les acteurs locaux à propos des enjeux qui sont les leurs et de développer des suivis spécifiques. Ces derniers seront l’occasion de mettre en partage les acquis, les incertitudes mais aussi les moyens disponibles pour comprendre et répondre aux enjeux ainsi ouverts. Le programme prévoit au-delà de suivis thématiques, des initiatives de recherche collaboratives pour documenter les mutations de grande ampleur suscitées par l’arrivée de l’éolien en mer.